Il est fréquent d’entendre dire que les langues régionales et leurs patois ne s’écrivent pas. C’est évidemment faux. Pour peu qu’on s’accorde sur les conventions, tout langage humain peut être transcrit, matérialisé et transmis sur divers supports. Ainsi, depuis plusieurs siècles une importante littérature dialectale a été produite dans l’espace bourguignon.
Peu connue, car insuffisamment valorisée, peu considérée car publiée dans des graphies plus ou moins performantes, cette littérature est pourtant très loin d’être négligeable, tant en volume qu’en qualité. Car oui, il s’agit bien d’une littérature, d’une littérature capable de dire ce qui blesse et ce qui réjouit, de se complexifier, de s’entremêler et de fleurir, d’une littérature de la diversité et de la proximité qu’il convient de reconsidérer.
Cette littérature, essentiellement dijonnaise, est très abondante. Dans son « Histoire de l’idiome bourguignon » de 1856 Prosper Mignard en dresse l’inventaire. Des mascarades de la Mère-Folle aux Noël de La Monnoye, faire un choix dans cette masse de textes est donc très subjectif. En voici quelques extraits :
Les textes des mascarades théâtrales de la Mère Folle, qui se déroulaient dans les rues de Dijon, ont donné lieu à
diverses études et commentaires. Voici ce qu’en dit en 2012 :
« […] Par cette pièce, la Mère Folle dénonce les excès de toute sorte qui marquent la France de l’époque. Ceux des guerres de religion, d’abord, en ces années 1580 où laBourgogne s’efforce de panser des plaies encore vives, et ceux qui caractérisent les mœurs, un goût frénétique pour les parures de luxe s’étant alors emparé de toutes les couches de la société. Cette pièce […] présente des personnages allégoriques, tels le Peuple et Bontemps, qui permettent […] de concrétiser sur scène les idées satiriques de l’auteur, celui-ci cherchant à dénoncer l’état physique et moral lamentable du royaume. »
Juliette WALCKE Théâtre de la Mère Folle, Dijon, XVIe –XVIIe s., Orléans, éd. Paradigme (coll. « Medievalia » n°77), 2012
Présentation du Jeu Joué (au lieu de Dijon par l’Infanterie le douzieme jung 1583).
[…] Bon Tan, velay comman se gouverne Bourgogne : Lé zung on lay jaunisse et d’aultres rouge trogne. Si queyque bea monsieur ey chambeleire blave, S’ay lay peu estraippay au greney, chambre ou cave, A y se joingne si for et si tres rudeman Qu’on nen voy dé zesclay sorty au bout de l’an ! Peu, ung povre vaulo qu’ey servy ben lontan O n lou fay l’espousay. A y peu, moistre, sorgen, Tavernez, revendon, pouillaley, charreton, Gran criou de moutarde, orenge ou de marron ; Ma quan sé gen lay son bottay en lo mennaige, A y son si gran tiran qu’au peuple fon dommaige. Lou sergen pren de bon, par force et san raison ; Lou poullailley revan troy foy pu son oyson ; Et ce gro taverney, quant ai ley prin say quinte, Au leu de troy pintay ne tire que lay pinte ! Quey, may foy, to vay mau ! Ma sçay tu que je croy On parle d’ung gran ca qu’ey jey fay notre roy ; Et veu et sç’ay lantan et l’en ey for juré, Que bento ey fero guaullay les usurey, Lé revandou d’estay, lé gabelou dé ville Et ung ta d’inventou qui to lou monde pille ! Et peu aypré celay notre peyre Bon Tan, Note Meire Folye et tresto ses enffan S’esbaudiron souvan et maugray toute envie ; Vous les varray toujour faire l’Infanterie. Allez boire, Messeu, Dieu vou doin bonne vie ! […]
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[…] Bontemps, voilà comment se gouverne la Bourgogne : Les uns ont la jaunisse et d’autres une rouge trogne. Si quelque beau monsieur a une belle chambrière, S’il la peut attraper au grenier, dans la chambre ou la cave, Ils se joignent si fort et si rudement Qu’on en voit des éclats sortir au bout de l’an ! Puis, un pauvre valet qui a servi bien longtemps On lui fait l’épouser. Et puis, maîtres, sergents, Taverniers, revendeurs, volaillers, charretiers, Grands crieurs de moutarde, d’oranges ou de marrons ; Mais quand ces gens-là sont boutés en leur ménage, Ils sont si grands tyrans qu’au peuple font dommage. Le sergent prend tout de bon, par force et sans raison Le volailler revend trois fois plus cher son oison ; Et ce gros tavernier, quand il a pris sa quinte, Au lieu de trois pintets ne tire que la pinte ! Quoi, ma foi, tout va mal ! Mais sais-tu ce que je crois On parle d’un grand cas qu’a déjà fait notre roi ; Et il veut et il entend et il en a fort juré, Que bientôt il ferait gauler les usuriers, Les revendeurs d’apparats, les gabelous des villes Et un tas d’inventeurs qui tout le monde pillent ! Et puis après cela notre père Bontemps, Notre Mère Folie et tous ses enfants S’ébaudiront souvent et malgré toute envie ; Vous les verrez toujours faire l’Infanterie. Allez boire, Messieurs, Dieu vous donne bonne vie ! […] |
Ce long poème, publié pour la première fois à Dijon en 1721 par Aimé Piron, comme un écho à notre actualité, nous plonge dans l’ambiance des grandes épidémies des siècles passés. En voici un extrait tiré des premières pages de l’édition de 1832.
[…]Lai côlaire angendre crierie, Criai angendre lai pipie ; De criai, qu’y peut-on gaigné? Lai squaignance an vén au gôzié, Qui fai for bé troussai lé quille E brailleu quan ai s’égôzille. Tôchan lai gueule, force jan, Tan de bafreu, tan de gorman, Qui san reigle bôrre lo panse, Qui se gorge dan lai bôbance ; Ces éveure-lai, san manquai, D’aipôplaixie son aitaiquai. D’ô vén celai ? lai peuriture Vén de trô grande nôriture, Lai quei, an se corompan, fai Tô d’ein có, lé gorman crevai. […]
| […]La colère engendre les cris, Crier engendre la pépie ; De criai, que peut-on y gagner ? Les saignements viennent au gosier, Et font fort bien tomber les quilles Des brailleurs quand ils s’égosillent. Concernant la nourriture, bien des gens, Tant de gloutons, tant de gourmands, Sans retenue se remplissent la panse, Se vautrent dans la bombance ; Ces bougres-là, sans manquai, D’apoplexie sont attaqués. D’où vient cela ? La pouriture Viens de trop grande nourriture, Laquelle, en se corrompant, fait Tout d’un coup, crever les gourmands. […]
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Avec son contemporain Aimé Piron (1640-1727) Bernard de La Monnoye (1641-1728) publie, sous le pseudonyme de Guy Barozai des Noëls souvent réédités. Le succès populaire aidant certains de ces Noëls se transmettront par la suite oralement dans la région. Voici J’antan po note ruë (Noei III / Edition de 1720).
J’antan po no ruë Passai lé menétrei. Acouté comme ai juë Su los hauboi dé Noei : No, dévan le feù, Pô le meù, Chantons an jeusqu’ai méneù. An Déçanbre on trezeule Dé Noei tô lé jor; Dé Chantre fot–an–gueule An antone é carrefor ; No, devan le feu, Pô le meù, Chantons-an jeusqu’ai méneù. Lé borgei, dan lai grainge Voù grullo le Pôpon, Chantire ai sai loüainge Dé Noei de tô lé ton : No, devan le feù, Pô le meù, Chantons-an jeusqu’ai méneù. Lé bonne jan disire Dé Noei bé dévo; Ma , quant ai lé chantire, Ai n’aivein pa lé pié chau : No, devan le feù, Pô le meù, Chantons-an jeusqu’ai méneù. Dan lo froide chambrôte Lé None an ce sain moi, Faute d’autre émusôte, Chante Noei queique foi; No, devan le feù, Pô le meù, Chantons-an jeusqu’ai méneù. Lé prôve laivandeire, Au son de lo rullô, An chante ai lai riveire, Lai tête au van, lé pie mô : No, devan le feù, Pô le meù, Chantons-an jeusqu’ai méneù. Qui montre au feù sé cueùsse Trepille de chantai, Qui sôffle dan sé peùce N’an di pa Noei si gai : No, devan le feù, Pô le meù, Chantons-an jeusqu’ai méneù. | J’entends par nos rues En décembre on carillonne Les bergers, dans la grange Où grelottait le Poupon, Chantèrent à sa louange Des Noëls sur tous les tons. Les bonnes gens dirent Dans leur froide chambrette Les pauvres lavandières, Qui montre au feu ses cuisses, |
Bien que toujours abondante à Dijon au 19e, alors que l’alphabétisation progresse dans les campagnes, des textes bourguignons commencent à être publiés dans toute la région, en particulier dans le Morvan et en Bresse. Le député Dupin publie sans « Le Morvan » en 1853 une traduction de la Parabole de l’enfant prodigue (Evangile selon St Luc). Jean Simon dans sa « Statistique de la commune de Frétoy » publie en 1883 une chronique d’une dizaine de pages. Henry Collin en 1888 dans son « Guide de Saint-Honoré-les Bains » publie différents contes.
Louis Coiffier
Cheurtée a d’sus d’eune grosse rouèche
Su son daré, d’aivou son touet ;
De conte l’ormise laivou que souèche
Lai bue, les jeurs de pleue vou de grand frouet.
Alle ô ilait, pardue, tote soule,
D’aivou son ouche, qu’ot par darré,
Et l’âne, les dindons et les poules,
Le couchon, quand a n’o pas sarrait.
Dans le mitan de sai pièce, les bancs d’châgne,
Lai veille table, le lét ai baldaquin, .
Dans le quairt du feu, le chait que s’l’arâgne,
Sos l’fourneau de treuffes, eine bande de p’sints.
Su eine chéle, lai mâtrosse raiqu’mode
Eu d’vanté de bâche, les nippes des gâs ;
Lai grande heurloge, d’vé lai commode,
Déd’veude le temps, que n’finit pas.
D’sos son chaipia d’guieu que s’aiffeusse,
L’était, l’hivar, les jeurs, les neufs,
Vos lai ,viez, d’aivou son air meusse :
Lai veille mâ-yon cou’e ses oeufs…
Joseph Maublanc
(« Danses, Chansons et Poésies Bressanes » /Ed Groupe régionaliste Bressan /1936)
Ves la fin de chaîque an-née, Quand nos reveint la Noé, Chaîcon, méprijant le fraid, – S’en va, lanci das la nait, Po féter le Noveau-Né, A la « Messe de Min-nait ». En longeant noutés chairrires, Chevalant les échellires, De na rota j’airrevins, P’ auto de l’ « Enfant », je sins Adonc, « Noé », je chantins : « Noé ! Noé ! Noé ! Noé ! » En chemin, taint qu’à Saigy, Es vieus Maiges, j’ains songi : Ei faut, c’ment ieux, s’incliner, Prés du fameux Noveau-Né, Se câler su les geoneix, A bais, teint qu’à la main-nait ! L’enfants li redirant Na prière, doucement; Noutés hommes mûnerant On groûs air, entre lieus dents; Pus, les fonnes chanterant : « Noé ! Noé ! Noé ! Noé ! » | Vers la fin de chaque année, Quand revient Noël Chacun, méprisant le froid, S’élance dans la nuit, Pour fêter le Nouveau-Né, A la « Messe de Minuit ». En longeant nos charrières Passant les échaliers, En troupe, rassemblés, nous arrivons Puis, autour de l’Enfant, nous sommes! Alors, « Noël » ! nous chantons : « Noël ! Noël ! Noël ! Noël !» En chemin, jusqu’à Sagy, Aux vieux Mages, nous avons songé Il faut, comme eux s’incliner, Près du fameux Nouveau-Né, Se mettre sur les genoux, Par terre jusqu’à minuit! Les enfants lui rediront Une prière, doucement; Nos hommes marmonneront Un chant grave entre leurs dents; Puis, les femmes chanteront « Noël ! Noël ! Noël ! Noël !» |
Alfred Guillaume
(Ed. Gervais / 1923 / Amis du Vieux Saulieu / Rééditions 1971)
La fête au village (Comédie en 3 acte / extrait)
Troisième acte — FRATERNITÉ
A l’auberge du Drélot
PAPON – Drélot !… Ce jouli ouyais-qui qu’’I t’aimouégnons, eurgairde-lu bin… quoué que te voués ?.… Te voués ein monsieu de ville qu’é ein beais panneau, qu’ot bin vîtu peu bin chaipeaité.…. Eh bin quoué que ç’ot que ç’te Pariguoin-lai ?…
DRÉLOT – Oh bin! ç’ot pas molâsié…. ç’ot ein Pârisien puss’que te le dis, pairdié !.…
PAPON – Voué peu non!… Ç’ot bin ein Pârisien mas ç’ot encoué autechouse… quoué ?.. Pairions eine carafe que te ne troues pas !…
DRÉLOT– Quoué que te veux que çai don?… quoué que te veux qu’i te diâs ?…
GOURDIFFLOT– Mais… mais…
PAPON – (à Gourdifflot) — Mas. mas quoué ?.… À yen ai prou! (à Drélot) Eh bin, ç’ot ein Morvandais… qu’a dit.
DRÉLOT– Qui ?.…
PAPON – Lu! Ç’ot lu que vint de nous-z-y dire…au bal… chez le Linaird…
DRÉLOT – Côye-té essevé !… Te ne voud’ros pas …chau ?… Çai ne serot pas ai fére!…
PAPON – Ç ‘ot portant qu’ment çai !… Mon vieux Drélot, tés pardu!… C’en ot ein tot de mouinme puss’ que ç’ot le p’tiot Lazerot… te te raippeules… le gârs du Chimon ?.…
DRÉLOT – Le gârs du Chimon !.. Ç’ot-ti Dieu possibe eine aiffaire paireille ?… Mas quoué qu’al é don fait jairé pou’ éte gôgné qu’ment ç’qui ?.…
PIERRICHE – Quoué qu’al é fait ?… a vint de nousz-y dire…Al é voyagé, al é vivu pendiment 25 ans ai Paris qu’ment vâlot; al é gaigné trébin d’airgent; ai çt’heure, a se preumeune ! Tot çai y é fait obier lai cheuche de laivou qu’a d’sortot et peu prendre les mâniéres des mon-sieus de ville. R’veni se trimballer por d’iqui, sai premiére ovraige é été de tâcher moyen de nous épeustrouffer…
GOURDIFFLOT – Oh, par exemple!.. mais.
FRANCHY– Frome ton bé !… t’entends ?…
PIERRICHE – Voué, mas al ot mau choué !… I n’sons par arié chi âsiés que çai ai éberluter !.…
DIDI – Etou, al ot été mau reçu… et peu bin beurdalé.….
FRANCHY– Sans compter lai mauvaille rencontre qu’al é faite d’aivou le rateais….
DRÉLOT – D’aivou le raiteais ?. quoué qu’al é fait arié ?..
FRANCHY – Àl ot choué chu le mouinge !..… N’vouéqui-ti pas qu’au bal aipré aivouair fait ses effrâgnies, a s’ot trébeuché dans ein rateais qu’a ne connaichot seurément pas chi bin que les pots de chambre qu’a veudot tos les maitins ai Pâris… Le rateais n’y d’mandot ran, mas qu’ment qu’a ne le connaichot pas non pus, a te lé joqué qu’ment qu’a faut. Tins, r’gairdevouâ lai camboule qu’a te yé faite jeuste enteurmis les deux œillots !..
DRÉLOT – Eh bin, mon vieux, a t’é tolé!
PIERRICHE (frappant sur l’épaule de Gourdifflot)- Mon poor vieux, chi t’étos resté en r’venant iqui le p’tiot Lazerot, le gârs du Chimon des autes fois, tot ç’qui ne serot pas airrivé. Ai quoué que çai t’é servi de fére du groûs, de te beiller du vent ?.…ai te fére torner en dériyon… ai t’écorner… et peu ç’ot tot! … T’és beais aivouair été ai Pâris, t’y éte estruit, y aivouair raimassé des écus… en essayant iqui de fére le mâlin, l’embâtenou, t’és jeuste pouvu fére lai béte!… Te ne sais don pas, poor élouéri, que le son reste tojors du son et peu que t’és beais le torner-virer, que t’és pas foutu d’en fére de lai faireune ?.. […]
La seconde guerre mondiale et les quelques décennies suivantes ont été peu favorables à la littérature régionale mais, à partir des années 70, elle va à nouveau foisonner. Les auteurs sont très nombreux.
Aujourd’hui, de nombreux locutrices et locuteurs réunis en associations, en ateliers ou de manières indépendantes écrivent et produisent une nouvelle littérature. Souvenirs de l’ancien temps, coutumes et traditions locales, enjeux de notre société actuelle … Les sujets et thématiques sont nombreux !
Y’o teujo vu mè grand-mère dèveu lè quépelégne su lè téte, pou se preutéger du seulave, quant elle travaillô dans les champs d’oignons.
Cè n’étô po enco lè mode de se fôre bronzer épu lè quépelégne étô ène bonne preutection que ne coûtô po aussi cher que les grands chèpèe des parisiennes.
Un bout de tissu byan étô bin seuffisant dèveu ump’cho de fi è coudre. An f’sô teujo éttention è ne po dépenser treu de sou.
Y me seuvin qu’un jo de pieuge, lè grand-mère m’èvô embauché pou queupè, dèveu des grands cisée, ène dizaine de bandes de carton dans un vieux calendrier des ptt.
Èprèe èvouè fait des piqûres bin parallèles dans le tissu en deub’ye épaisseur, elle y èvô glissé les cartons épu cousu le fond rond épu pyissé preulongé po ène voilette que d’vô preutéger l’arrière de lè téte épu les épaules.
Mè mère, lé, n’é janmô potyé la quépelégne. Y l’entends enco dire qu’elle manquô d’air épu qu’an ne voyô ran su les coutée.
Elle étô teujo couèffée d’un chèpèe de pôille.
Aujd’heu, pu b’soin de chèpée, les fân’ne de paysans travaillan dans les bureaux épu lote mèris dans des trècteur è cabines fremée épu climatisée.
J’ai toujours vu ma grand-mère avec la capeline sur la tête, pour se protéger du soleil, quand elle travaillait dans les champs d’oignons.
Ce n’était pas encore la mode de se faire bronzer et la capeline était une bonne protection qui ne coûtait pas aussi cher que les grands chapeaux des parisiennes.
Un bout de tissu blanc était bien suffisant avec un peu de fil à coudre. On faisait toujours attention à ne pas dépenser trop d’argent.
Je me souviens qu’un jour de pluie, la grand-mère m’avait embauché pour couper, avec des grands ciseaux, une dizaine de bandes de carton dans un vieux calendrier des ptt.
Après avoir fait des piqûres bien parallèles dans le tissu en double épaisseur, elle y avait glissé les cartons et cousu le fond rond et plissé prolongé par une voilette qui devait protéger l’arrière de la tête et les épaules.
Ma mère, elle, n’a jamais porté la capeline. Je l’entends encore dire qu’elle manquait d’air et qu’on ne voyait rien sur les côtés.
Elle était toujours coiffée d’un chapeau de paille.
Aujourd’hui, plus besoin de chapeaux, les femmes de paysans travaillent dans les bureaux et leurs maris dans des tracteurs à cabines fermées et climatisées.
An y ai d’lai vie dans les bôcheûres,
An y ai d’lai vie dans les jairdíns,
Les ouyâs chantant ai tôt’heûre
Mâs seurtôt dans le ch’tit maitín.
L’sulot su les épeunes nouaires
Flaitte bin les parles de rôsée,
Mâs dans l’cié quand choué l’souair,
C‘ost lai leune qu’ost révouèillée.
Lai leune que danse su les meurgers,
Peu que beurlute les aimoureux
Que sont bín âille de s’eûmai
Dârré les brosses vou dans eún lé.
An y ai d’lai vie dans les bôcheûres
Des bordales peu des môches ai mié,
An y ai bín d’lai vie dans nos cœûrs
Peu dans not’ ch’tit jairdín secret
Que mouème sans quiâ ost bín frômé.
Traduction : Caroline Darroux
Il y a de la vie dans les haies
Il y a de la vie dans les jardins
Les oiseaux chantant à toute heure
Mais surtout dans le petit matin
Le soleil sur les prunelliers
Caresse bien les perles de rosée
Mais dans le ciel quand tombe le soir
C’est la lune qui est réveillée
La lune qui danse sur les tas de pierres
Et qui éclaire faiblement les amoureux
Qui sont bien heureux de s’aimer
Derrière les haies taillées ou dans un lit
Il y a de la vie dans les haies épaisses
Des insectes et des abeilles
Il y a bien de la vie dans nos cœurs
Et dans notre petit jardin secret
Qui même sans petite barrière est bien fermé.
Page de l’association ici
Y est pas d’audzord’heu qu’y a des « activités périscolaires » ! Y étot quaji tot naturel de note temps.
Quand y chimbot l’oradze apeu que le mâtre avot fautsi de la luzerne peu ses lapins, y fallot vitment sorti d’cllasse , la mette en andès, la rassarer en ptçhets miaux apeu la renter sôs l’appentî dave la çhvîre.
Au mois de jun, quand le tilleul étot en fleur, les grands copint les bouts de brintses dave l’étsnāillou, apeu les feuilles récoltint les fleurs dans des ptçhets sacs en toîle p’la maîtresse.
Y étot arri la saison des doryphores… Tos les matins y avot deux gârs que dvint passer dans les rangs de treuffes du dzardin peu ramasser les mères apeu arratsi les feûilles qu’avint des us dssôs. Mās qu’d’eun coup is fayint deurer pus longtemps qu’y méritot ; y étot pus drôle de corre dans les treuffes que de réciter la leçon d’histoire obin les tablles de multiplication.
Des fas, les samedis après-midi, quand l’instituteur avot du monde à mandzi le dimantse, ô tuot eun lapin. Ô fayot çan dave les grands : y en avot eun qu’allot attraper le lapin p’la pieau du dos dans la cadze, le mâtre le prenot p’les pattes de derri apeu li foutot eun coup de poing derri la tēte. Le lapin grrdālot eun coup apeu se mettot à sagni du nez. Y avot eun gârs que tnot eun bol peu récolter le sang apeu que rmuot dav’eune cuīlli peur pas qu’y caille. Après çan, y en a eun aute que tnot la bēte p’les pattes de derri, bié écartées, apeu le mâtre cmençhot à l’écortsi. La pieau étot bourrée de paille apeu ôl la fayot stsi pendue sos l’préau. Peu fini, y fallot l’ébòyaler ; ôl euvrot l’vente dave son cutiau apeu tote la bòyalerie tsayot dans eun baquet. Gare à ta si te tnos pas l’baquet bié cmin faut : t’avot eune llape ! Le mâtre djot qu’y’étot « la leçon d’anatomie du samedi ».
Lettres, manuscrits inédits, extraits de monographies locales, textes anonymes et éparts, recherches universitaires, travaux d’autodidactes, toponymie…
Retrouvez différentes archives sur le thème de Noël grâce à notre calendrier de l’Avent 2023 en cliquant ici !
Titre de l’archive | Extrait de Le calendrier traditionnel : la chandeleur puis discussion sur les croyances et les superstitions en Morvan | ||||
Date enregistrement-création | 27 janvier 2000 | ||||
Lieu enregistrement-création | Château-Chinon – Radio Morvan | ||||
Source |
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Contenu à venir
Titre de l’archive | Texte édité dans Brâment ! Chroniques morvandelles d’aujourd’hui. Edité par la Maison du Patrimoine Oral de Bourgogne – Collection Entemi Par les ateliers de Château-Chinon, Lormes et Montsauche-les-Settons | ||||
Date enregistrement-création | 26 octobre 2019 | ||||
Lieu enregistrement-création | Maison du Patrimoine Oral de Bourgogne | ||||
Source |
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Lai pleue, lai pleue ! Non seulement inn’o tombée pendant 40 zors au moins… ç’ost l’déluze que çai s’aippeulle, mai inn’ se répandait bieaucoup aitout chu toutes lé unes des zorneaux ! Ine n’seûs portant pus toute zeune, mai İ aivos encouè zamâs vu çai. Yeau était partout. Ai faillait vouèr les çamps, è d’venint dé étangs ! Nos paures vaices aivaint des cuissardes de boue jusqu’au vente et pus ren ai s’mette dedans. Les beurbis semblint aivouèr deux piaux chu l’dos ! Lé arvéres s’étaint tellement élarzies qu’élles ne saivaint pus où qu’était yeu lit. L’Anguison débordait d’partout, on airait pû fére flotter lé beuces sans lâcer lé étangs ! L’Yonne n’ost pas sortie d’son lit, mais les çamps ai coûté erssemblint ai des lacs !
Pis lai Seine ? Pairis aivait les pieds dans yeau. Mouînme que certaines stations d’métro ont été fromées ! Pire, ai Villeneuve-Saint-Georges on n’se déplaiçait pus qu’en batieau ! Et pis d’aiquand toute c’t’yeau, nos viéles douleurs en ont profité pou nous raipp’ler qu’elles l’étaint bin lai aitout. L’médecingn’ n’y peut ren, y é que l’soulai que peurrait nous soulaizer.
Malgré lai pieue, èn’fiait pas fraid et lai nature s’ost crue au printemps. Lé preméres feuilles ont pointé yeu nez, pis les fieurs aitout. Lai pieue s’ost enfing airrétée pis v’lai un fraid vif du zor au lend’maingn’. Eh bein tant mieux qu’çai zale maintenant, ç’ost lai saison ! Les p’t’chots bourgeons s’ermontreront en mars pou nous fére un printemps encoè pus biau !
Lé anciens le d’jint bein : « Tant qu’feuvrer n’ost pas fini, l’hivar n’é pas encouè tot dit ! »
Jeannette Demolis – Atelier de Lormes.
Partie en français :
Date enregistrement-création | 1 août 1968 |
Lieu enregistrement-création | Saulieu |
Voir la fiche sur la base de données
Partie en Bourguignon-Morvandiau :
Date enregistrement-création | 6 avr. 2006 |
Lieu enregistrement-création | Millay |
Date enregistrement-création | 6 avr. 2006 |
Lieu enregistrement-création | Millay |
Date enregistrement-création | Janvier 2024 |
Lieu enregistrement-création | Auxois |
Texte écrit et lu par Pascale Martin-Debard
Langues de Bourgogne
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