Les Auvens de Noué / Calendrier de l'Avent

Jeudi 19 Décembre 2024

Noël  

Dans Les Loges de la Mère Folle – Nuzia

Isabelle Blô

Albert Colombet publie en 1959 dans la revue « Pays de Bourgogne » une étude sur les traditions de Noël, du nouvel an et de l’épiphanie. C’est dans ses innombrables références, notamment un manuel d’enseignement musical scolaire de 1938, que la Mère Folle a puisé ce noël populaire, qu’Isabelle Blô a reconstruit et harmonisé.

 

Noué

Texte inspiré de Denise Baland, traduit en patois de Sornay par Christiane Monnard

A partir du premi décembre, en attendant Noué, j’ tainchais d’ étre sage c’ment ma gentite cousine Marie qu’on m’ baillait touje en exemple. J’ fayais ma priére sans qu’on m’y d’mande, j’ étchutais bien mes grands, pis ma manman, j ‘fayais pôs enragi ma pt’chote soeû .

   La vouille de Noué, j’ rétcheurais mes sabots tchuâs, les mains dans l’édge fraide du tareau, j’ les lâvais dave na brosse en chiendent, pis j’ les mettais seuchi sos l’ poêle à quatre marmites, à côté des chaits que dreumaint.

  

   Le maitin du 25,  sitôut révouillie,  j’ sautais du yet pou vouair dans mes sabots .Y’ avait du quatre papillotes pis deux oranges. J’étais contente c’ment tout ! J’ défayais les papillotes pou vouair ç’ qu’y avait d’dans : des pralines roses pis des roges que je r’mettais dans youton papier barioulé . J’allais les garder longtemps pis souvent les ouvri pou les r’garder pis pou les sentre . J’ pouyais pôs m’ décider à les mangi ! Pis j’ preniais les oranges, j’ les frottais contre mon d’vanti pou les fére brilli. J’ avais pôs envie de les mangi non pieus ! J’ les raingeais dans l’ armaire de ma mèmè. J’allais les vouair souvent. J’ montais su na salle pou les attraper. «  On beau jo , t’ vas cheûre ape te casser na patte » me djait ma mèmè, «  Faut les mangi avant qu’ alles saint peûrries ! ».  A la fin, y’ en a na que c’mençait à s’ abîmer, alors j’ les pieumais toutes les deux : on se les partageait. J’ me décidais étou à croquer mes papillotes, mais na pou jo. J’ vouyais fére deurer longtemps ces cadeaux merveilleux que fayaint la magie de Noué dans ce temps là.

A partir du premier décembre, je tâchais d’ être sage comme ma gentille cousine Marie qu’ on me donnait toujours en exemple. Je faisais ma prière sans qu’ on me le demande, j’ écoutais bien mes grands parents et ma maman, je ne faisais pas enrager ma petite sœur.

   La veille de Noël, je nettoyais mes sabots couverts, les mains dans l’ eau froide du fossé, je les lavais avec une brosse en chiendent ; puis je les mettais sécher sous le poêle à quatre marmites, à côté des chats qui dormaient.

 

   Le matin du 25, aussitôt réveillée, je sautais du lit pour voir mes sabots. Il y avait deux quatre papillotes et deux oranges. J’étais contente comme tout ! Je défaisais les papillotes pour voir ce qu’ il y avait dedans : des pralines roses et rouges que je remettais dans leur papier bariolé. J’ allais les garder longtemps et souvent les ouvrir pour les regarder et les sentir. Je ne pouvais pas me décider à les manger ! Puis je prenais les oranges, je les frottais contre mon tablier pour les faire briller. Je n’ avais pas envie de les manger non plus ! Je les rangeais dans l’ armoire de ma mémé. J’ allais les voir souvent. Je montais sur une chaise pour les attraper. « Un beau jour, tu vas tomber et te casser une patte » me disait ma mémé,  « Il faut les manger avant qu’ elles soient pourries ! ». A la fin il y en a une qui commençait à s’ abîmer, alors je les épluchais toutes les deux : on se les partageait. Je me décidais aussi à croquer mes papillotes, mais une par jour. Je voulais faire durer longtemps ces cadeaux merveilleux qui faisaient la magie de Noël en ce temps là.

Et si on prenait contact ?

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