Dans les années 60 la revue « Pays de Bourgogne » (qui existe toujours aujourd’hui) publiait assez régulièrement des textes bourguignons.
En voici un publié dans le n°36 (1er trimestre 1962). En rapprochant cette histoire des autres récits de dames blanches connus dans la région on remarquera de curieuses similitudes. La disparition finale au bout d’un chemin est d’ailleurs pratiquement identique à la version que me racontait ma grand-mère Joséphine Dareau (en photo ci-dessus). La langue utilisée ici est celle du chalonnais-clunisois. On remarquera les terminaisons de l’imparfait en « eut » alors qu’elles se forment généralement en « ot » plus au Nord.
(Patois des environs de Saint-Gengoux-le-National.)
Dans les années 60 la revue « Pays de Bourgogne » (qui existe toujours aujourd’hui) publiait assez régulièrement des textes bourguignons. En voici un publié dans le n°36 (1er trimestre 1962). En rapprochant cette histoire des autres récits de dames blanches connus dans la région on remarquera de curieuses similitudes. La disparition finale au bout d’un chemin est d’ailleurs pratiquement identique à la version que me racontait ma grand-mère Joséphine Dareau. La langue utilisée ici est celle du chalonnais-clunisois. On remarquera les terminaisons de l’imparfait en « eut » alors qu’elles se forment généralement en « ot » plus au Nord.
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Il ne s’agit point ici d’une légende ou d’un conte, mais d’une aventure survenue à un habitant de Sercy qui en fit, de bonne foi, le récit à ma trisaïeule. L’anecdote a été exactement conservée dans ma famille.
Y éteut par là l’mois d’septembre, quéque temps après les v’nanges. L’père Glaude Devillard rev’neut tot beurâ-nait [1] d’ses tarres p’re l’chemin d’la Glacière qu’travârse l’beu du Bourgeot. Aul éteut seurti du beu ; aul aveut moinmement dépassé la cure ; aul érriveut d’vant l’chem’tire, (Dans c’temps là, l’chem’tire éteut pas quâ aul est aujord’heu su la route de Cluny. Aul éteut pas loin d’la cure, à côté d’l’église qu’est maintenant la chapelle du châtiau). Au v’neut d’fare son Nom du Père en passant d’vant, quand tot d’un coup, au voit eune fan-ne sitée sur eune veille tombe qu’aveut châ [2]. Alle éteut vitie tot en blianc.
« Qusqu’y est donc que c’te fan-ne? qu’au s’dit. Y est pas eune gens d’itié pasque j’la connieus pas… A peu, c’te bliaude bliainche ?… »
V’là t’y pas la fan-ne que s’leuve, qu’vint à son d’vant :
« Monsieur, qu’alle l’y dit bien en français, je voudrais passer la nuit à Sercy. Pourriez-vous me conduire chez un pêcheur ? »
-Y est ben c’meude, qu’répond l’père Glaude, en la r’gardant tant qu’au pouyeut pasqu’y fieut nå.
(Parât qu’alle éteut pas peute.)
Aul la meune chez son cousin Miliot qu’fleut tôjos bonne pôche. Y montant I’meurot ; y entrant dans la cuisine. La Dame Bliainche regarde les gens qu’étaint entrain de m’gî la sope.
« Non, qu’alle dit, ce n’est pas ici. »
Alors, y vont dans l’bas du pays chez l’père Varnanchat qu’âmeut atô bien aller à la poche quand au pouyeut. Y m’gint la sope atốt.
« Non, qu’dit encore la Dame, ce n’est pas ici. »
Y seurtant.
« Madame, qu’dit l’père Glaude, j’sais pas quâ vous m’ner à présent. Y est tâd… Y a point d’autes pêcheurs dans l’pays. J’vous meunereus ben chez mâ, mas j’sus veuf… Y convindreut pas… Y f’reut p’tête ben causer !… »
« C’est bien, qu’dit la Dame. Je vais retourner à mon Père. »
Et la v’la qu’s’en va su l’chemin du Ripoutot. Ses pîs n’teuchaient pas tarre. On aureut dit qu’alle võleut. L’père Glaude d’moreut piqué au mitan du ch’min, r’gardant c’te blíaude bliainche qu’s’en alleut; peu tot d’un coup, au n’a peu ren vu !
Ah ! Y éteut quéque temps après les v’nanges ; y éteut moinmement quand on fieut la goutte !…
Marguerite REBOUILLAT
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